Demandez à l’expert : Christian Cianfrone

Actuellement directeur de la décarbonation chez EllisDon, Christian Cianfrone est un lauréat des Prix du CBDCA. C’est le recipiendaire du Prix Ed Lim du bénévole en expertise technique de 2022, un prix décerné à une personne qui a généreusement consacré beaucoup de temps et a partagé son expertise à titre consultatif pour faire progresser le bâtiment durable au Canada.

Christian est un ingénieur en mécanique qui apporte une expertise dans la conception sobre en carbone à ses divers postes au sein des comités du CBDCA. Il est membre fondateur du Comité directeur du carbone zéro et un ancien membre des groupes consultatifs techniques de l’énergie et de l’ingénierie du CBDCA et de l’USGBC. Christian a participé à l’élaboration et à la présentation de plusieurs cours clés pour le CBDCA sur les sujets de la documentation LEED, ainsi que sur le CNÉB et ses recoupements avec le système d’évaluation LEED. En plus de son travail avec le CBDCA, Christian a siégé au Comité d’atténuation des changements climatiques de la ville de Calgary, a contribué à l’élaboration du BC Energy Step Code et du Toronto Green Standard. Dans cette conversation, il partage son engagement avec des groupes de travail clés de l’industrie et son passage à des solutions de projet holistiques qui facilitent la conception sobre en carbone.

Parlez-nous de votre carrière et dites-nous comment vous en êtes venu à occuper votre poste actuel chez EllisDon. 

Mon premier emploi à la fin de mes études a été comme modélisateur énergétique pour une petite firme, et malgré tous mes efforts pour m’orienter vers d’autres domaines de la durabilité, j’ai toujours été attiré par des rôles liés à l’énergie. Avec le recul, je suis heureux qu’il en ait été ainsi.

Après avoir passé une dizaine d’années à renforcer mes compétences dans le domaine de l’énergie au sein de l’une des plus grandes firmes, j’ai décidé de tenter ma chance à la direction d’un organisme à but non lucratif visant à accélérer la réalisation de bâtiments à zéro émission à Vancouver. À la même époque, j’ai également cofondé une société de logiciels appelée OPEN Technologies, dans l’objectif de tirer parti des données et des solutions technologiques pour aider les décideurs à prendre des décisions favorables au climat en toute confiance. Je suis fier de collaborer encore aujourd’hui avec ces deux organisations en tant que conseiller et membre du conseil d’administration.

Ce qui m’a éventuellement mené à EllisDon, c’est le désir de mettre mes connaissances techniques au service d’une organisation qui avait une culture et une influence susceptibles d’apporter des changements significatifs sur le marché. Mon rôle de directeur de la décarbonation couvre deux domaines principaux. Le premier consiste à aider nos équipes de projets et leurs clients à planifier des stratégies de réduction du carbone et à les mettre en œuvre efficacement. Comme bon nombre de nos clients, nous nous sommes engagés à atteindre des objectifs ambitieux de réduction des GES. En appui à cet engagement, nous apportons une expertise en matière de sobriété en carbone au plus grand nombre de projets possible. J’interviens également sur le marché des bâtiments existants pour aider nos clients à décarboner stratégiquement leurs bâtiments au fil du temps. Nous travaillons sur de nombreux projets passionnants dans ce domaine et vous en saurez plus à ce sujet dans un proche avenir.

Vous avez fait partie du Comité directeur sur le carbone zéro du CBDCA et Groupe consultatif technique sur l’énergie et l’ingénierie du CBDCA. Dites-nous comment votre participation volontaire a contribué à votre développement professionnel. 

Mes treize années de participation aux comités du CBDCA ont eu deux retombées très claires et importantes pour moi. D’abord, elles ont favorisé mon développement sur le plan technique. J’avais réussi à convaincre quelqu’un que j’avais beaucoup d’expérience lorsque j’ai été nommé membre du GCT-E&I, mais j’étais probablement la personne la moins expérimentée du comité, et de loin. Si je voulais éviter de me mettre dans l’embarras devant ces chefs de file de l’industrie, je devais m’assurer de pouvoir défendre toute opinion technique ou recommandation que je formulais. Cela m’a poussé à me plonger dans le domaine, à remettre des hypothèses en question, à revoir et à réexaminer mes positions techniques et à évaluer différents points de vue de manière critique.

La deuxième retombée, c’est que ma participation à ces comités m’a appris qu’il valait mieux de faire avancer un programme plutôt que de faire adopter son propre point de vue. Les comités du CBDCA sont presque exclusivement composés de personnes qui se vouent passionnément à la promotion de la durabilité dans l’environnement bâti. Chaque fois qu’il y a un débat, il n’est jamais question du résultat, mais plutôt de la façon d’y parvenir. Lorsque vous travaillez dans un groupe dont les membres partagent les mêmes valeurs et se respectent mutuellement, vous pouvez accomplir bien des choses positives.

Quelles tendances émergentes à fort impact sur la réduction des émissions globales du secteur du bâtiment durable avez-vous observé?  

Nous observons finalement un consensus clair sur la performance que les bâtiments doivent atteindre. Il n’y a plus vraiment de débat sur le bon objectif à atteindre – c’est le carbone zéro. Ce consensus a amené les gouvernements et les organisations à s’engager vers l’atteinte de plus en plus rapide de cibles de zéro émission nette, qui semblent basées sur un changement de paradigme qui est passé de « nous allons adopter la durabilité lorsqu’elle est rentable » à « nous devons décarboner nos bâtiments pour gérer notre risque climatique et financier et notre réputation ». Cette clarté consensuelle entraîne des changements tangibles dans le secteur, à toutes les étapes d’un projet – de la demande de propositions aux percées technologiques au niveau des équipements.

Bien sûr, il y a encore un écart entre ces engagements climatiques de haut niveau à l’échelle de l’organisation et ceux qui sont faits à l’échelle des projets individuels, mais c’est un pas dans la bonne direction. Il faut cesser d’isoler les solutions spécifiques au « carbone zéro » et à leurs rendements et évoluer vers la réalisation de projets pour lesquels l’atteinte du « carbone zéro » est déjà déterminée et où les équipes de projets peuvent optimiser des solutions holistiques qui intègrent tous les objectifs du projet dans le coût total global de possession d’un bâtiment.

Quel conseil donneriez-vous à des professionnels qui souhaitent se joindre à l’un des divers groupes consultatifs techniques du CBDCA? 

Soyez les meilleurs dans ce que vous faites, puis joignez-vous à un comité et utilisez vos connaissances pour faire avancer toute l’industrie et pas seulement les projets de votre firme.

Vous avez récemment reçu le Prix Ed Lim du bénévole en expertise technique dans le cadre de la remise des Prix du leadership et des Prix d’excellence en bâtiment durable du CBDCA. Que signifie cette reconnaissance pour vous? 

Je me sens un peu comme si je trichais. J’adore discuter de détails techniques, d’énergie et de carbone, alors les réunions en comités me permettent de passer un bon moment.

Après avoir reçu le prix, j’ai reçu un message d’un collègue chez EllisDon que je n’avais jamais rencontré auparavant. Il se souvenait d’avoir travaillé avec Ed Lim il y a plusieurs années et me disait à quel point il était un homme formidable, très intelligent et doté d’un sens aigu des affaires. Ce message m’a amené à me renseigner davantage sur Ed qui a donné tellement de temps à l’organisation au fil des ans. Je n’ose pas me comparer à lui et à d’autres personnes comme lui, mais je sais que l’apport des bénévoles est essentiel pour aider des organisations comme le CBDCA à remplir leur mission. Ma réflexion à ce sujet – qui vaut pour moi et pour toute autre personne – est de continuer à saisir des occasions de bénévolat qui soutiennent notre avenir propre, que ce soit au sein de son organisation ou d’une autre.