Demandez à l’expert: Alan Desousa

Présentement dans son sixième mandat à titre de maire de Saint-Laurent, Alan DeSousa est le récipiendaire 2022 du prix du CBDCA du Champion du bâtiment durable. Le maire DeSousa a contribué à l’implantation de plusieurs projets de développement durable à Montréal et a reçu plusieurs distinctions pour ses efforts.

Depuis plus de 13 ans, Allan se fait le champion des bâtiments durables durables, étant une composante intégrale du développement durable dans l’arrondissement Saint Laurent de Montréal, ainsi qu’à travers le Québec et le Canada. En tant que membre du comité exécutif de Montréal responsable du développement, le maire DeSousa a été l’architecte des politiques, des plans et des programmes de développement environnemental et durable de la Ville de Montréal. Il est fréquemment invité à prononcer des conférences sur des questions de développement durable, et sur des questions de politiques du bâtiment durable, et il s’est notamment adressé aux membres de la Fédération canadienne des municipalités (FCM), d’Americana et du Conseil du bâtiment durable du Canada. Dans son rôle de vice-président du Conseil du Fonds municipal vert de la FCM, il plaide en faveur de la certification des bâtiments durables dans les programmes sur les bâtiments de la FCM pour les municipalités de tout notre pays.

Dites-nous comment vous en êtes venu à vous engager dans la durabilité et quel est votre rôle aujourd’hui.

En tant que citoyen, je me suis toujours intéressé aux questions environnementales et à leur impact sur ma collectivité. Nouvellement élu maire de l’arrondissement Saint-Laurent et membre du comité exécutif de la Ville de Montréal en 2001, j’ai participé au deuxième Sommet de la Terre à Johannesburg en 2002, dix ans après le premier Sommet tenu à Rio de Janeiro. Le commentaire que j’ai entendu le plus souvent de la part des délégués, c’est : « un bien beau plan, mais aucune mise en œuvre ». Je me suis promis, en tant que nouveau responsable du développement durable de la ville, que nous devions passer de la planification à l’action et obtenir des résultats tangibles.

Dans les mois et les années qui ont suivi, j’ai entrepris et mis en œuvre de multiples politiques et plans d’action en matière de développement durable pour Montréal qui se sont également reflétés dans Saint-Laurent. La politique de bâtiments durables de la ville a été adoptée en 2009. Dans tout mon parcours, je n’ai jamais oublié les remarques désabusées entendues à Johannesburg qui m’ont toujours incité à orienter mon action sur les résultats.

Aujourd’hui, en tant que président du Fonds municipal vert de la Fédération canadienne des municipalités, j’ai le privilège de pouvoir partager et reproduire les pratiques du bâtiment durable avec les municipalités de la grandeur du Canada.

Quels ont été les principaux moteurs de l’adoption de pratiques du bâtiment durable par la Ville de Montréal? Ces moteurs sont-ils présents dans l’arrondissement Saint-Laurent?

La Ville de Montréal s’était engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 30 pour cent avant 2020 par rapport aux seuils de 1990. Cet engagement est devenu le principal moteur de l’adoption par la ville de sa politique de bâtiments durables en 2009. Toutefois, cette politique avait des objectifs additionnels liés à la réduction de la consommation d’énergie et d’eau et à la réduction des déchets de construction. En se fixant des objectifs ambitieux pour ses pratiques du bâtiment durable, la ville souhaitait également influencer et approfondir les connaissances de tous les partenaires de l’écosystème de la construction des bâtiments, qu’il s’agisse des architectes, des ingénieurs, des entreprises de construction, des sous-traitants, des corps de métier ou des bailleurs de fonds.

Dans le sillage des demandes concurrentes de ressources financières de la ville pour les infrastructures et d’autres projets, l’adoption de cette politique a suscité un vif débat. Je me suis réjoui du consensus atteint par mes collègues à la table décisionnelle. Depuis lors, Montréal n’a jamais regardé en arrière.

Portant mon chapeau de maire de Saint-Laurent, je me devais de veiller à ce qu’il y ait une cohérence entre la politique de Montréal et celle de mon arrondissement. Saint-Laurent est devenu un laboratoire pour Montréal, en appliquant habilement les pratiques du bâtiment durable à des projets institutionnels, commerciaux, résidentiels et industriels.

Y a-t-il un projet dont vous êtes particulièrement fier et qui reflète l’engagement de la ville envers la durabilité?

L’évolution de la culture d’entreprise de notre personnel à la ville et son adhésion à la durabilité comme lentille à travers laquelle prendre toutes les décisions municipales sont probablement ce qui m’apporte la plus grande fierté. Les dirigeants politiques de la ville ont successivement fait du développement durable un principe central de la raison d’être de la Ville de Montréal, et notre personnel municipal a relevé le défi – ce qui se reflète dans tous les projets.
Si je devais toutefois choisir un projet qui incarne ce que nous avons voulu faire à Montréal, ce serait la Bibliothèque du Boisé. Certifiée LEED Platine et lauréate de nombreux prix internationaux et nationaux, cette bibliothèque est un havre de paix et de tranquillité dans le paysage urbain. Ses vues sur les boisés environnants permettent aux occupants de contempler les couleurs de mère Nature en toutes saisons.

Vous avez récemment reçu le Prix du Champion du bâtiment durable 2022 lors de la remise des Prix du leadership et des Prix d’excellence en bâtiment durable du CBDCA. Qu’est-ce que ce prix signifie pour vous?

Je tiens à remercier le CBDCA pour cette reconnaissance nationale et je suis profondément honoré de recevoir ce prix. Il me servira de tremplin pour plaider en faveur des pratiques du bâtiment durable auprès de mes collègues maires et conseillers municipaux dans tout le pays. J’ai toujours été un ambassadeur de la qualité de la conception architecturale des bâtiments, associée à des normes environnementales certifiées de haut niveau. Ce prix me motive dans la poursuite de ma mission.

Êtes-vous optimiste par rapport à notre capacité de lutter contre le changement climatique et d’assurer un avenir durable?

Les villes et les municipalités ont été à l’avant-garde de la réduction des émissions de GES et de la réduction du carbone dans nos collectivités au Canada. Dans les conseils municipaux de tout le pays, la volonté politique est là. De plus, les connaissances et l’expertise, la technologie, le financement et les exemples concrets ont convergé pour nous mettre en position de faire face aux changements climatiques. Il revient à chacun d’entre nous de saisir l’occasion et de la concrétiser dès maintenant.

Sans sous-estimer les défis qui nous attendent, je suis convaincu que nous avons ce qu’il faut pour garantir à notre génération et à celles qui suivront un avenir durable.