La Maison du développement durable de Montréal, qui a récemment obtenu la certification Platine

Montreal, Quebec

janvier 9, 2013

Système d'évaluation/norme
LEED v1
Niveau de certification
Platine
Type de bâtiment
Bureau

Lorsque les membres fondateurs de la Maison du développement durable ont décidé de créer un lieu unique, à la fine pointe de la technologie, qui illustre la durabilité et agit comme un pôle d’éducation sur le développement durable, ils n’avaient aucune idée de ce que serait le résultat final. Après des années de travail et avec la collaboration de citoyens, d’organismes, de pouvoirs publics et de spécialistes de toutes les disciplines de l’industrie – force est de constater que le résultat est vraiment stupéfiant.

Nous nous sommes entretenus avec Amélie Ferland Dufresne, directrice des communications et de la programmation de la Maison, pour en savoir un peu plus sur la réalisation de ce projet et sur ses particularités qui ont contribué à l’obtention de la certification Platine. Nous avons aussi voulu savoir comment elle entend sensibiliser à la construction écologique.

Parlez-nous un peu du bâtiment et de ses caractéristiques particulières, surtout celles qui ont mené à l’obtention de la certification LEED Platine.

La Maison du développement durable est l’une des premiers bâtiments commerciaux visant à être certifié LEED® platine nouvelle construction dans le centre-ville d’une métropole canadienne. Il s’agit de l’un des bâtiments de bureaux les plus performants en matière énergétique au Québec, grâce à son toit vert, ses planchers surélevés, ses ascenseurs sans salle mécanique, son enveloppe extérieure comprenant notamment des fenêtres à verre triple avec deux pellicules de basse émissivité, son chauffage et sa climatisation assurés par ses vingt-huit puits de géothermie et son éclairage efficace.

Pour obtenir la certification LEED Platine, un projet doit cumuler 52 points sur un total de 70. Le processus rigoureux de l’équipe de la Maison a permis de dépasser largement ce cap avec 59 points. La Maison vise à optimiser le rapport entre le bien-être des usagers et les impacts environnementaux en portant une attention particulière à la qualité de l’air, au choix des matériaux, à la gestion écologique de l’énergie, de l’eau et des déchets ainsi qu’en instaurant une gestion sociale du bâtiment.

La Maison du développement durable a obtenu les quatre crédits LEED® établissant des plafonds d’émissions polluantes pour tous les produits appartenant aux familles suivantes : tapis, bois et stratifiés, scellants et adhésifs, peinture et vernis. À titre d’exemple, la peinture au fini mat dans la Maison du développement durable ne contient pas plus de 50 g/l de composés organiques volatiles (COV).

Le bâtiment est équipé d’un bassin servant à collecter l’eau de pluie en vue de son utilisation dans les toilettes. Munis de détecteurs à infrarouge, les robinets automatiques à débit réduit coupent l’apport d’eau pendant le savonnage, évitent les fuites et limitent en général la consommation d’eau lors du rinçage des mains. Les toilettes à double chasse permettent l’usage de 3,4 litres ou de 4,8 litres par usage, selon le besoin. Les urinoirs sans eau permettent d’économiser des quantités importantes d’eau.

L’ensemble du béton d’usage général utilisé dans la Maison comprend des cendres volantes résiduelles des centrales thermiques au charbon. Une plaque de béton expérimentale, comprenant une quantité plus importante de verre recyclée, est actuellement testée à l’aide de capteurs spécialisés afin d’évaluer si elle répond aux standards de qualité lui permettant de devenir un nouveau matériau écologique accepté.

Par ailleurs, au moins 50 % du bois neuf utilisé dans le bâtiment provient de forêts certifiées FSC, au moins 15 % du poids des matériaux est constitué de matières recyclées. À titre d’exemple, les panneaux de gypse utilisés sont faits de matériaux recyclés à 99 % et ceux utilisés pour la laine isolante le sont à 70 %. Les comptoirs des cinq cuisinettes du bâtiment sont également constitués à 93 % de verre recyclé.

La Maison du développement durable a mis en place un plan de gestion des déchets qui lui a permis de détourner des sites d’enfouissement un minimum de 90 % de ses déchets de construction.

Pourquoi avez-vous choisi le programme de certification LEED plutôt que de choisir une norme écologique moins rigoureuse ou de simplement vous conformer aux exigences des codes du bâtiment?

Depuis plusieurs années, les employés et bénévoles d’Équiterre travaillaient dans un environnement inadéquat. En 2002, la direction d’Équiterre faisait le choix de déménager afin d’offrir à ses artisans un lieu sain, accessible, sécuritaire et inspirant. L’encre d’origine végétale qui a servi à consigner cette décision sur du papier 100 % recyclé n’était pas encore sèche qu’Équiterre prenait une seconde décision: faire de son déménagement un projet éducatif, mais aussi un bâtiment exemplaire qui allait inspirer à la fois, les citoyens, les experts et les élus, mais aussi inspirer les grands acteurs du domaine immobilier. L’équipe a donc choisi de faire appel au programme de certification en terme de norme écologique LEED et s’est donnée comme défi de viser le plus haut niveau, soit platine.

Le bâtiment de cinq étages a été érigé après près de dix années de labeur grâce à la volonté et à la mobilisation de partenaires dévoués qui continuent à mettre en commun vision, idées, financement et réseautage d’affaires. Dans le contexte des crises climatiques, énergétiques et économiques, les objectifs que poursuit la Maison du développement durable visent « à construire l’avenir sans l’hypothéquer ».

Les voici :

  • Maximiser le potentiel d’organismes à vocation sociale et environnementale par la cohabitation et la mise en commun de ressources.
  • Être un pôle de réflexion, d’éducation, d’innovation et de rencontres sur le développement durable.
  • Offrir aux citoyens, aux entreprises et aux gouvernements de nouveaux outils éducatifs sur le développement durable.
  • Offrir aux chercheurs canadiens un outil de recherche sur le bâtiment écologique.

La Maison du développement durable est un organisme à but non lucratif (OBNL) dont les membres fondateurs et locataires sont Amnistie internationale, le Centre de la petite enfance Le Petit réseau, le Conseil régional de l’environnement de Montréal, ENvironnement JEUnesse, Équiterre, Option consommateurs, le Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec (RNCREQ) et Vivre en Ville.

Quelle valeur la certification LEED apporte-t-elle à votre bâtiment, à vous, en tant que propriétaire ou gestionnaire immobilier, et à ses locataires ou autres occupants?

Comme la norme LEED a été élaborée spécifiquement en fonction des climats, des pratiques de construction et de la règlementation canadienne, elle a permis d’offrir une ligne directrice de conception permettant d’améliorer le bien-être des occupants, la performance environnementale et le rendement économique du bâtiment.

Par exemple, dans les espaces à bureau, un plénum de 305 mm de hauteur entre la dalle de béton et la surface du plancher, sert à l’alimentation en air de ventilation destiné aux usagers. Ce système nécessite moins d’énergie que la ventilation conventionnelle parce qu’il permet d’alimenter les bureaux en air à basse vitesse, par le bas, directement dans l’espace occupé par l’employé, ce qui améliore aussi son confort.

De plus, l’optimisation du positionnement et de la dimension des fenêtres permet de maximiser l’entrée de lumière naturelle et les vues au sein du bâtiment. L’usage d’outils de gestion automatisés (détecteurs de présence et de luminosité) et l’implantation d’appareils efficaces avec ampoules à faible taux de mercure (T5 et DEL) permettent également de diminuer de façon significative la consommation en électricité du bâtiment. Le contrôle de la pollution lumineuse extérieure est une autre caractéristique importante du projet.

Autre exemple, le bâtiment est recouvert d’une toiture végétalisée de type extensive d’une superficie de plus de 800 m2. La couverture végétale est composée d’au moins 10 variétés de plantes (sedum pré cultivé Instagreen) adaptées aux toitures végétalisées québécoises. Réduction des îlots de chaleur, de la consommation énergétique et de l’apport du bâtiment aux épisodes de débordement des eaux usées et aux usines d’épuration sont autant d’avantages. De plus, l’aspect esthétique d’un toit vert est non négligeable en milieu urbain et la terrasse installée sur le toit permet aux employés d’en profiter.

Évidemment, la certification a aussi une valeur en terme de renommée. Elle permet de garantir que le travail réalisé a été fait de façon professionnelle et en respectant des standards très élevés. Ainsi, la Maison a pu bénéficier de visibilité autant dans les universités que dans les médias, auprès des élus comme des experts. La crédibilité qu’offre la certification LEED génère une valeur qui n’a pas de prix!

Quelle est la plus grande leçon que vous avez apprise en réalisant un projet LEED qui serait utile pour d’autres projets LEED?

D’un point de vue de la science du bâtiment, la plus grande innovation de ce projet n’est pas tant le produit final que le processus qui y a mené. Pendant toutes les étapes de la conception et de la construction de la Maison, Équiterre et tous les acteurs impliqués (architectes, ingénieurs-conseils, entrepreneur général, consultants, chercheurs, fournisseurs, etc.) ont travaillé en équipe multidisciplinaire afin d’arriver à des solutions novatrices, mettant en pratique la conception intégrée, essentielle au succès d’un projet innovateur comme la Maison, visant le plus haut niveau de certification.

Quand Équiterre a lancé le projet, il n’avait ni argent, ni terrain, ni expertise en développement immobilier. Il lui a donc fallu s’entourer de partenaires de tous les secteurs pour réaliser le projet. Des promoteurs immobiliers, des avocats et des gestionnaires d’immeubles ont donné du temps; des gouvernements, des entreprises et des fondations ont donné de l’argent; et des groupes citoyens ont donné une âme au projet, essentielle afin de surmonter nombre de défis. Au total, plus de 53 partenaires et donateurs privés ont contribué à la réalisation et au financement de la Maison, incluant le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP), la Ville de Montréal, l’arrondissement Ville-Marie, la Société de développement commercial du Vieux-Montréal, le ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire ainsi que la Fédération canadienne des municipalités. ALCOA en est le partenaire principal.

Au-delà d’un bâtiment, il fallait, pour réussir, créer une immense coalition d’organismes n’ayant pas nécessairement la réputation de travailler ensemble. Cette mobilisation a, de loin, été le plus grand défi du projet. Un défi qui a été si bien relevé que tant le premier ministre du Québec, le président d’Alcoa que le président d’Amnistie international sont fiers de cette réalisation.

Aimeriez-vous ajouter autre chose sur votre bâtiment ou sur LEED en général?

Les créateurs-concepteurs ont voulu aller plus loin que la certification LEED grâce à diverses initiatives, comme un mur végétal de 38 m2, un « biofiltre » de cinq étages de haut qui compte une quinzaine d’espèces de plantes, le recours aux services d’entreprises d’insertion sociale pour la fabrication du mobilier et l’utilisation de bois récupéré au fond de rivières comme revêtement intérieur.

Pour répondre à sa mission de pôle de rencontre, d’échanges et d’innovation sur le développement durable, la Maison du développement durable propose depuis son ouverture une programmation gratuite et variée proposant des visites guidées, des expositions, des conférences, des débats et des ateliers sur des enjeux d’actualité liés au développement durable.

La Maison du développement durable propose également un parcours autoguidé, gratuit et ouvert au grand public, comprenant des bornes interactives et des panneaux d’informations portant sur les principes de la construction écologique et sur les techniques et matériaux utilisés lors de la construction de la Maison.

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