Rester calme et continuer de décarboner
À BCD, Paul Morassutti, de CBRE, a présenté une solide analyse des tendances du marché et a rappelé que l’immobilier durable reste le choix le plus judicieux à long terme.
Personnel du CBDCA on juillet 3, 2025
- Thème
- Bâtiment durable
Dans un marché où les vents contraires font la manchette, Paul Morassutti a apporté un point de vue différent à Bâtir un changement durable MD(BCD) en prononçant l’allocution principale dans laquelle il a livré un message clair, contextualisé et tourné vers l’avenir. La conférence du Conseil du bâtiment durable du Canada (CBDCA), présentée cette année à Vancouver, a réuni des chefs de file de tous les secteurs du bâtiment.
S’appuyant sur des décennies d’expérience dans l’immobilier commercial et l’aménagement foncier, M. Morassutti a commencé par donner une vue d’ensemble de l’évolution du sentiment du marché. « Il n’y a pas si longtemps, de nombreuses personnes annonçaient la mort du marché de détail, puis ce fut celle du marché de l’immobilier de bureau, et maintenant celle des critères ESG », a-t-il déclaré d’entrée de jeu.
Or, ce n’est pas le cas, a-t-il soutenu. Contrairement à ces proclamations, le marché de l’immobilier de bureau est loin d’être à l’agonie. Pour illustrer son propos, il a souligné des signes concrets de résilience, notamment de nouvelles données selon lesquelles la ville de Vancouver affiche désormais le taux de vacance de bureaux le plus bas de l’Amérique du Nord, ce qui contredit le discours sur le déclin permanent.
Plutôt que de tirer la sonnette d’alarme, M. Morassutti a encouragé les participants à accepter ces fluctuations comme faisant partie intégrante du processus, et il a rappelé que les perturbations ne sont pas toujours synonymes d’effondrement, mais qu’elles sont souvent un signe d’évolution.
Rester compétitif suppose de regarder vers l’avenir
Il reconnaît que l’on pourrait penser que la durabilité est mise de côté pour le moment, surtout dans le contexte de la montée du mouvement anti-ESG au sud de la frontière. Mais selon lui, l’industrie est plutôt en « mode de repli » et centrée davantage sur la survie que sur la transformation.
Paul Morassutti a prévenu que l’incertitude à court terme ne devrait pas nous détourner de la valeur à long terme. « La plupart des gens me demandent quelle est la valeur de la durabilité », a-t-il dit. « À mon avis, l’adoption d’une stratégie de durabilité est plus une protection contre les risques et une garantie de la compétitivité d’un actif pendant des années qu’une prime tangible dans le prix. »
Il a identifié la réduction des émissions de carbone intrinsèque, c’est-à-dire les émissions associées aux matériaux et aux processus de construction, comme le prochain défi majeur. Il a souligné que l’innovation est déjà en cours, comme en font foi les 27 projets d’immeubles de bureaux en bois massif de Hines, dont deux à Toronto et un à Vancouver, ainsi que le centre de distribution en bois massif récemment achevé par Prologis à Toronto.
Il a toutefois insisté sur le fait qu’il reste encore beaucoup à accomplir pour améliorer les connaissances et la compréhension du carbone intrinsèque. Le CBDCA s’efforce d’ailleurs de combler les lacunes en cette matière en offrant de la formation, en défendant les intérêts et en mobilisant l’industrie.
Un nouveau pacte sur l’évaluation vise à réorienter les incitatifs du marché
À la suite de l’allocution principale, un panel a réuni Paul Morassutti et les chefs de file de l’industrie, Michael Brooks (REALPAC), Jonas Locke (Altus Group) et Thomas Mueller (CBDCA). Ensemble, ils ont examiné comment une amélioration des données, de l’éducation et de la collaboration peuvent contribuer à accélérer la transition vers des bâtiments plus durables et plus résilients.
Ce panel a également donné l’occasion d’annoncer une nouvelle initiative majeure : REALPAC et le CBDCA s’associent à des sociétés d’évaluation de premier plan, dont Altus Group, afin d’élaborer des approches normalisées à l’évaluation durable dans le secteur de l’immobilier canadien.
Plus qu’une simple solution technique, cette initiative s’attaque à l’un des principaux obstacles identifiés dans le rapport Décarboner les bâtiments commerciaux du Canada : Le point de vue du propriétaire et de l’investisseur, publié récemment par REALPAC, le CBDCA et le PLACE Centre de l’Institut d’IntelliProspérité. L’une des dix recommandations de ce rapport préconise d’évaluer adéquatement les biens décarbonés, soulignant que les primes pour les bâtiments sobres en carbone ne sont pas reflétées adéquatement dans les modèles financiers de prise de décision immobilière et dans les bilans.
« Cette initiative contribue à combler une lacune importante du marché », a déclaré Thomas Mueller après l’annonce. « Lorsque les investisseurs peuvent clairement voir la valeur de la décarbonation reflétée dans l’évaluation d’un actif, ils sont beaucoup plus enclins à agir. L’harmonisation de l’évaluation avec les résultats de durabilité est une étape nécessaire si nous voulons accroître les investissements dans les bâtiments à faibles émissions de carbone. »
Prochaine étape — et un rappel de ne pas attendre
La prochaine étape pour le pacte sur l’évaluation nouvellement formé est la table ronde du mois d’octobre à Toronto, mais le message général du panel de BCD est qu’il est temps d’agir, maintenant.
Comme Paul Morassutti l’a souligné pendant son allocution, le climat n’attend personne. « Mère Nature n’a que faire de nos querelles politiques », a-t-il souligné. « Si l’on examine la gravité des risques mondiaux pour les 10 prochaines années, le tableau est assez sombre. Nous ferions mieux de commencer à y porter attention. »
Pour autant, son message n’était pas désespéré. Il était plutôt axé sur une dynamique. Même en période de perturbation, il y a une opportunité. Les stratégies de durabilité et l’investissement intelligent ne s’excluent pas mutuellement; en fait, ils vont de pair.
En conclusion, Paul Morassutti a lancé un appel convaincant aux participants qui faisaient salle comble, les invitant à repenser le statu quo : « Tous les intervenants de l’industrie doivent cesser d’examiner le monde tel qu’il est aujourd’hui et de supposer qu’il en sera toujours ainsi. »
Pour bien se faire comprendre, il a posé la question suivante aux intervenants de l’immobilier et du développement : dans 10 ans, pensez-vous qu’il y aura plus ou moins de locataires exigeant des bâtiments plus durables et plus écoénergétiques?
À son avis, la réponse est évidente.
« Selon moi, la question n’est pas de savoir si, aujourd’hui, seul un certain pourcentage de locataires accorde vraiment de l’importance à l’engagement en faveur de la carboneutralité », a-t-il déclaré. « Ce qui m’importe, c’est que ce pourcentage augmente chaque année. Et si vous ignorez cela, vous le faites à vos propres risques. »