Demandez à l’expert : Joanne Perdue

Thème
Prix ​​du CBDCA

Le CBDCA a eu le plaisir de décerner à Joanne Perdue, vice-présidente adjointe de la durabilité à l’Université de Calgary, son Prix pour l’ensemble d’une carrière.

Joanne est une innovatrice et une collaboratrice canadienne reconnue pour son action de renforcement des capacités dans le domaine de la durabilité et son leadership en matière d’action climatique. Architecte et Fellow LEED, elle est une lauréate du prix des contributeurs exceptionnels à l’économie propre Clean50 du Canada. Joanne a fondé le bureau de la durabilité de l’Université de Calgary en 2007, ce qui a permis à l’université d’être reconnue comme l’une des plus durables. Elle a notamment été classée par le Times Higher Education parmi les cinq pour cent des meilleures universités au monde pour les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de développement durable des Nations Unies au cours des trois dernières années. Joanne est une ardente partisane de la préparation des futurs leaders et de l’autonomisation des femmes pour accélérer la transformation de l’environnement bâti vers un avenir durable.

Dites-nous comment vous en êtes venue à vous impliquer dans les bâtiments durables et la durabilité.

Dans ma jeunesse, j’ai passé beaucoup de temps dans les forêts du centre de la Colombie-Britannique. Cela m’a permis de tisser un lien profond avec le monde naturel et d’en apprécier la beauté et la richesse. J’ai connu les splendeurs de la nature dans les grandes chaleurs de l’été comme dans les jours d’hiver à -40C. J’ai également constaté à quel point les industries de l’extraction des ressources entraînaient une importante dégradation de l’environnement.

Les bâtiments consomment énormément de ressources pendant leur construction et tout au long de leur durée de vie. Être témoin des impacts environnementaux de cette consommation et du changement climatique est un puissant facteur d’engagement en faveur du changement. Cet engagement a été inhérent à mon cheminement professionnel depuis les tout débuts.
Au début de ma carrière, ma participation au projet du pavillon C.K. Choi de l’Université de la Colombie-Britannique a été déterminante. Ce projet réalisé avant LEED et achevé vers 1996 a établi un modèle nord-américain de ce qui définit un bâtiment durable. Ce projet s’est distingué par ses caractéristiques de conception durable et innovante et l’utilisation de matériaux durables. Il s’est aussi distingué du fait qu’il a été dirigé et réalisé par une équipe de femmes, dont il a transformé les trajectoires de carrière, y compris la mienne. Après 15 ans de spécialisation dans la conception de bâtiments et de communautés « durables », je suis passée à l’enseignement postsecondaire pour avoir l’occasion de diriger un changement à plus grande échelle en faveur de la santé humaine et écologique.

L’Université de Calgary a été reconnue pour son adoption de pratiques durables et se classe parmi les établissements d’enseignement postsecondaires les plus avancés dans l’atteinte des objectifs de développement durable des Nations Unies. Parlez-nous d’un projet ou d’une initiative dont vous êtes particulièrement fière et dites-nous pourquoi.  

Au cours des trois dernières années, l’Université de Calgary s’est classée parmi les 5 % d’universités les plus avancées dans le monde pour les progrès réalisés vers l’atteinte des objectifs de développement durable. Ce résultat illustre le leadership collectif et l’innovation de la grande communauté du campus sur les plans de la recherche, de la création de partenariats, de l’enseignement et de l’apprentissage, ainsi que des opérations du campus. Je suis particulièrement fière des fondements que nous avons établis en nous concentrant sur le renforcement des capacités de leadership. Cela touche le personnel de tout le campus en plus d’offrir des possibilités d’apprentissage expérientiel dans des projets de durabilité – notamment des bâtiments – à des milliers d’étudiants. Nous préparons une nouvelle génération de chefs de file novateurs en matière de durabilité pour le travail crucial qui nous attend.

Si l’on parle plus spécifiquement du domaine des bâtiments durables, l’Université de Calgary a été la première université canadienne à obtenir une certification LEED Platine en 2007 et l’année dernière, elle a été la première université canadienne à obtenir la certification en vertu des Normes du bâtiment à carbone zéro. Entre ces deux jalons importants, elle a réalisé de nombreux projets certifiés et a continuellement progressé dans la décarbonation de ses campus. Notre Plan d’action climatique s’engage à atteindre la carboneutralité d’ici 2050 et à ce jour, nous avons réduit les émissions de GES du campus d’environ 36 %, ce qui correspond à près de 90 000 tonnes. Notre prochaine grande étape est celle de la décarbonation du réseau énergétique indépendant du campus principal et nous terminerons notre plan à cet égard au début de l’année prochaine. Les universités jouent un rôle modèle important dans les voies menant à la durabilité et je suis fière du leadership dont l’Université de Calgary fait preuve.

Avez-vous eu des mentors ou des modèles de rôle qui vous ont aidée à définir votre vision de l’industrie du bâtiment durable? Agissez-vous comme mentore à cette étape-ci de votre carrière et si oui, quels conseils donnez-vous à vos mentorés?

J’ai eu la chance, en début de carrière, de travailler en étroite collaboration avec deux femmes extraordinaires et de réelles cheffes de file – Eva Matsuzaki et Cornelia Hahn Oberlander. Elles ont donné l’exemple d’un leadership dynamique et centré sur les valeurs et, avec le recul, je reconnais l’influence qu’elles ont eue sur moi. À mon avis, le mentorat est un processus bidirectionnel. Les bonnes idées viennent de partout et la complexité de nos défis mondiaux exige des perspectives nombreuses et diverses. J’apprends beaucoup auprès des plus jeunes leaders. Je conseille à mes mentorés de prendre le temps de clarifier leurs valeurs et leurs forces particulières, puis de créer un plan de développement du leadership qui respecte leurs valeurs. Si leur travail ne concorde pas encore avec leurs valeurs, je leur conseille de s’orienter dans un autre domaine. Je leur conseille également de s’impliquer à l’extérieur de leur entreprise. Depuis le début de ma carrière, j’ai toujours fait du bénévolat. J’ai beaucoup appris et je fais partie d’un formidable réseau national de collègues.

L’industrie a beaucoup changé au cours de la dernière décennie et les pratiques de durabilité et de bâtiment durable sont de plus en plus adoptées. Quels sont à votre avis les défis ou les opportunités qui se présentent pour l’industrie pendant cette décennie cruciale? 

Le piège de l’incrémentalisme et l’adoption de solutions rapides sont des enjeux qui me font beaucoup réfléchir ces temps-ci, en particulier dans le contexte des efforts d’action climatique. En dépit des nombreux efforts déployés à ce jour, l’industrie a besoin, au cours de cette décennie critique, d’effectuer un changement à une échelle et à un rythme bien différents de ce qu’ils sont actuellement pour décarboner le secteur tout en le rendant plus résilient face à la gravité croissante des impacts du réchauffement climatique. Nous devons également y parvenir dans les limites de la capacité de charge de notre planète. Nous devons porter un regard critique sur nos approches et nos outils de soutien et nous demander s’ils permettent la transformation dont nous avons besoin.

Le risque de l’incrémentalisme est de créer une certaine complaisance et de se contenter d’une action moins néfaste, ce qui détourne l’attention des problèmes plus vastes et plus complexes qui se posent. Une telle attitude augmente considérablement les risques et les coûts pour les générations futures qui devront faire face à des défis bien plus importants que les nôtres aujourd’hui. Elle a aussi pour conséquence que notre monde naturel, dont nous et les générations futures dépendons entièrement, continue de se dégrader. Les crises du climat et de la biodiversité ne sont pas des crises technologiques, politiques ou procédurales. Nous possédons l’information et les connaissances nécessaires pour agir. Je pense donc que le défi que nous devons relever est fondamentalement un dilemme éthique. C’est à la fois le défi et l’opportunité que nous avons.

Le CBDCA vous a récemment décerné le Prix pour l’ensemble d’une carrière dans le cadre de ses Prix du leadership et Prix d’excellence en bâtiment durable. Que signifie une telle reconnaissance pour vous? 

C’est un très grand honneur de recevoir le Prix pour l’ensemble d’une carrière du CBDCA, car ce prix reconnaît les contributions apportées par une personne pendant toute sa carrière. J’ai été bien surprise et je suis humblement reconnaissante d’être reconnue de cette façon. En même temps, l’heure n’est pas aux réjouissances. Le rythme du changement climatique et de la perte de biodiversité est bien plus rapide que notre réponse collective et l’environnement bâti y contribue largement. L’ampleur de ces changements est sans précédent dans l’histoire de la civilisation humaine. Nous avons une occasion unique d’agir, comment la saisirons-nous?

Plus nouvelles

Conseils offerts aux équipes de projet pour l’examen de LEED v4

Tout au long de 2023, le CBDCA a donné beaucoup plus de conseils…
mars 27, 2024

Le scrutin de l’élection du conseil d’administration du CBDCA commence le 25 mars

En janvier dernier, les membres du CBDCA ont été informés que le processus…
mars 25, 2024

Projets certifiés – Février 2024

Félicitations aux projets suivants qui ont obtenu une certification en février 2023. Pour…
mars 20, 2024

Lancement d’un nouveau processus d’interprétation BCZ du CBDCA

Le CBDCA est ravi de lancer sa base de données sur les Interprétations…
mars 20, 2024