De l’ambition à l’adoption, avec Steve Kemp
Personnel du CBDCA on septembre 17, 2025
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En tant qu’associé et spécialiste principal de l’énergie et de la durabilité chez RDH Building Science, Steve Kemp a consacré sa carrière à la promotion de la conception de bâtiments à haute performance et sobres en carbone. Au-delà de son rôle professionnel, Kemp a consacré plus de 1 000 heures de travail bénévole au sein du Comité consultatif technique Énergie et ingénierie (CCT-E et E) du Conseil du bâtiment durable du Canada (CBDCA), qu’il a présidé et auquel il continue de contribuer. Il a également siégé au Comité directeur LEED Canada et à d’autres comités du CBDCA, et il a contribué à l’élaboration des systèmes d’évaluation pour le marché canadien.
Sa grande expertise et son approche collaborative ont fait de lui une voix de confiance pour guider l’industrie vers l’innovation et l’impact. Ses contributions ont été reconnues récemment par l’attribution du Prix du bénévole en expertise technique du CBDCA. Dans cette entrevue, il nous explique ce qui l’a amené à s’engager, il nous parle des leçons qu’il a tirées de ses décennies de travail et il nous présente sa vision pour la prochaine décennie de bâtiments durables au Canada.
Vous comptez environ 1 000 heures de bénévolat à votre actif (et ce n’est pas terminé) rien qu’auprès du CBDCA. Qu’est-ce qui vous motive et vous inspire? Que retirez-vous de votre participation et comment cela a-t-il contribué à la croissance de votre carrière?
Ce fut une évolution. Au début, à l’époque du lancement de LEED, la firme de consultants pour laquelle je travaillais produisait une part importante de tous les projets certifiés LEED. Je voulais utiliser cette expérience pour empêcher LEED de « s’effondrer ». Toutefois, au fil du temps, en tant que président du GCT-E et E, je me suis concentré davantage sur la résolution des questions difficiles qui se posaient pour trouver un consensus. C’était également une manière facile de me tenir au courant des changements à venir dans les programmes LEED et Bâtiment à carbone zéro. Tout au long de mon implication, j’ai vraiment apprécié la collaboration avec d’autres bénévoles, même lorsque nous n’étions pas du même avis.
Les groupes consultatifs techniques du CBDCA jouent un rôle important dans l’adaptation des systèmes d’évaluation pour le marché canadien. Comment vous assurez-vous que les normes restent pertinentes et accessibles?
Je pense qu’il est important de trouver un équilibre entre la rigueur et l’adoption par le marché. Tôt dans ma carrière, mes mentors m’ont appris qu’ils considéraient le programme R-2000 (une norme énergétique pour les maisons, lancée dans les années 1980) comme une réussite technique et un échec de marketing. À l’époque, R-2000 établissait une cible de fuite d’air trop ambitieuse, ce qui a découragé de nombreux adeptes. Il aurait été préférable de commencer par une cible moins rigoureuse et d’augmenter progressivement les exigences de performance. À un moment donné, j’étais quelque peu réticent à inclure le carbone intrinsèque dans les systèmes d’évaluation. Je croyais que nous avions à peine réussi à convaincre le marché de tenir compte du carbone opérationnel. Les autres membres du GCT m’ont fait changer d’avis sur cette question.
Comment le travail des groupes consultatifs techniques soutient-il le développement des codes du bâtiment? À votre avis, qu’est-ce que la prochaine décennie apportera au mouvement du bâtiment durable et sur quoi aimeriez-vous vous concentrer comme bénévole?
Les exigences des normes volontaires devraient être plus rigoureuses que les exigences minimales des codes. Comme membre d’un GCT, je comprends mieux « où s’en va la rondelle ». En même temps, les ressources nécessaires pour comprendre les changements à l’impact des codes à l’échelle nationale sont impressionnantes et dépassent les ressources dont dispose le CBDCA. En contrepartie, les changements aux codes nationaux se font très lentement et le processus est lourd. Il peut s’écouler deux ans entre la présentation d’une idée et son approbation dans la publication du code. Les GCT et le CBDCA sont beaucoup plus rapides!
Et pour la prochaine décennie? J’espère que nous améliorerons notre compréhension et la conception de nos bâtiments afin d’atténuer les charges futures sur les réseaux électriques. Certaines administrations m’ont fait part de leurs inquiétudes par rapport à l’électrification. Elles disposent d’un réseau propre, mais elles connaissent déjà des périodes de pointe en hiver. La plupart des réseaux canadiens connaissent des périodes de pointe en hiver et certains sont plus « avancés » que d’autres dans leur réflexion. Je pense que le stockage de l’énergie pourra aider sur ce plan, tout comme une meilleure conception passive intégrée au bâtiment. Le carbone intrinsèque continuera aussi d’évoluer. À l’heure actuelle, la plupart des projets se concentrent sur les sous-stations de produits, mais éventuellement, il faudra également se pencher sur la réduction de la quantité de matériaux utilisés dans les bâtiments. Les études architecturales de volumétrie des bâtiments qui incluent le carbone intrinsèque en sont un exemple.
Que signifie pour vous le fait d’avoir remporté ce prix?
C’est spécial. Je respecte le personnel du CBDCA et j’aime travailler avec ces personnes. Le fait que ce prix vienne d’eux est très important pour moi.