Conception rythmée avec Callista Permana

Cette lauréate du prix Andy Kesteloo réinvente les projets communautaires en transposant les modèles de mouvement, la navigation spatiale et la durabilité en une valeur durable. Voici comment elle y parvient.

Personnel du CBDCA on novembre 6, 2025

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En tant qu’analyste de la durabilité chez EQ Building Performance, Callista Permana apporte son expertise dans les analyses du cycle de vie, l’analyse du carbone et la stratégie énergétique à certains projets de bâtiments parmi les plus complexes du Canada. Avant d’accéder à ce poste, Callista avait prouvé que l’architecture peut être un outil d’équité et d’inclusion dans le cadre d’un projet réalisé pendant ses études de baccalauréat en science de l’architecture à la Toronto Metropolitan University. C’est là qu’elle a conceptualisé le projet « Forever Home », une installation spécialement conçue pour réinventer le rôle d’une infrastructure communautaire. Conçu pour Events for Life (EFL), un programme de jour destiné à des personnes ayant des besoins spéciaux dans la région des Blue Mountains en Ontario, le projet s’est inscrit dans le cadre d’un programme d’expansion qui offrait des services d’accessibilité supplémentaires dans une installation inclusive, sobre en carbone et respectueuse du climat.

Axé sur trois domaines clés – les matériaux sobres en carbone, l’optimisation des fuites thermiques passives et l’efficacité des systèmes mécaniques – le projet a donné lieu à une conception efficace qui accorde la priorité à la réduction du carbone à toutes les phases du cycle de vie d’un bâtiment. Dans cette entrevue, elle nous parle des sources d’inspiration de ce projet, des arguments en faveur d’une approche sobre en carbone et de ses perspectives de carrière depuis qu’elle a remporté le Prix commémoratif Andy Kesteloo pour un projet étudiant.

Qu’est-ce qui a inspiré l’idée de concevoir la « Forever Home » pour Events for Life, et comment les besoins de la communauté ont-ils façonné le projet ?

Avec le recul, je dirais que j’ai peut-être été inspirée par l’élévation des montagnes qui entourent le paysage et qui m’a menée à développer le « rythme continu » comme idée centrale de la conception de Forever Home. La musique a également été très présente lors de mes visites sur le site et me rappelait qu’on peut toujours trouver ce rythme dans les bâtiments. De la façon dont les gens dansent dans leurs routines matinales jusqu’à leurs pas dans les escaliers ou au doux roulement d’un fauteuil roulant, le mouvement véhicule des sons et des sensations. Le rythme est alors devenu le fil conducteur qui relie les façons dont les gens vivent, se déplacent et font l’expérience d’un bâtiment.

Le mouvement joue un rôle central dans la construction d’un bâtiment de l’intérieur vers l’extérieur et en observant les déplacements quotidiens des personnes à Events for Life (EFL), j’ai compris l’importance de concevoir pour diverses formes de navigation spatiale. La conception d’un plan d’étage s’apparente presque toujours à la conception d’une carte, car tout doit avoir un sens pour l’utilisateur principal. Le projet de la Forever Home a été conçu en tenant compte des occupants et de la fonction des pièces, afin d’optimiser l’espace et l’orientation. Tout comme nous nous perdons facilement dans un labyrinthe, le fait d’avoir un signifiant spatial, comme des couleurs distinctes pour les pièces ou une signalisation claire, aide les personnes à mémoriser et à se repérer en toute confiance dans l’installation.

Comment avez-vous démontré qu’une approche sobre en carbone pouvait également être rentable pour la communauté ?

En établissant le lien direct entre la performance des bâtiments et les émissions de gaz à effet de serre (GES), comme celles du carbone intrinsèque et du carbone opérationnel, j’ai démontré qu’une approche sobre en carbone peut également être rentable. Un bâtiment très performant n’est pas seulement un bâtiment qui atteint diverses cibles opérationnelles, comme l’IDET, l’IET et l’IGES, mais aussi un bâtiment qui tient compte du carbone intrinsèque des matériaux. Par exemple, les ensembles muraux démontrent les liens étroits entre la performance thermique et la performance carbone. Une isolation supérieure peut entraîner une augmentation du carbone intrinsèque, mais, si elle est choisie avec soin, l’ensemble mural pourra alors créer une excellente performance thermique, ce qui est efficace à long terme.

Cette perspective souligne l’importance de tenir compte de l’ensemble du cycle de vie d’un bâtiment. Alors que le carbone intrinsèque est investi dès le départ, le carbone opérationnel se déploie pendant plusieurs décennies. Des enveloppes ou des systèmes peu performants entraînent souvent des fuites d’énergie, des remplacements prématurés et une dépendance accrue aux services publics, ce qui exacerbe les coûts pour le client. À l’opposé, la conception axée sur la longévité réduit la demande en énergie, diminue les factures des services publics et assure le bon fonctionnement du bâtiment sans interventions coûteuses.

Pour ces raisons, j’ai fait valoir qu’une approche sobre en carbone n’est pas seulement une responsabilité environnementale pour les concepteurs, mais qu’elle est aussi une excellente stratégie financière pour les clients. Les investissements initiaux sont peut-être plus élevés, mais l’abordabilité et l’efficacité à long terme en assurent le rendement. En réduisant les émissions et les frais opérationnels, un bâtiment à haute performance assure que durabilité et rentabilité vont de pair tout en apportant une valeur significative à la communauté.

Pouvez-vous nous parler d’un défi de conception majeur qui vous a amenée à trouver une solution innovante pour établir un juste équilibre entre esthétique, durabilité et accessibilité ?

Oui! L’un des principaux défis auxquels j’ai été confrontée a été d’apprendre comment sacrifier la forme pour équilibrer tous les éléments. L’optimisation d’un élément en compromet souvent un autre et, dans ce cas-ci, la forme générale du bâtiment a été intentionnellement compacte plutôt que sculpturale. La forme en elle-même n’est pas particulièrement spéciale, mais la conception repose plutôt sur le rythme pour sculpter la circulation et les formes structurales et en assurer le dynamisme. Par exemple, les diverses hauteurs de toit dans les différents espaces révèlent le niveau de confort requis dans chaque programme. Les pentes ont été créées pour permettre de collecter un maximum d’eau dans une citerne. Voilà un exemple d’intégration de l’esthétique et de la durabilité.

Tous les choix de conception ont été fondés sur l’accessibilité ou sur la durabilité, du choix des matériaux jusqu’à l’aménagement paysager environnant. À mon avis, la conception ne devrait jamais être un geste égoïste ou purement sculptural. Elle doit d’abord servir les personnes qui utilisent le bâtiment et le terrain qu’il occupe. En établissant clairement la hiérarchie des priorités et en faisant primer l’accessibilité et la durabilité, j’ai pu traiter les besoins de la communauté comme des opportunités et non pas comme des contraintes. En fin de compte, le caractère discret de la forme a permis à la communauté de façonner elle-même le design et de créer un espace dans lequel le mouvement devient l’esthétique déterminante.

Que représente pour vous le fait d’avoir remporté le Prix commémoratif Andy Kesteloo pour un projet étudiant sur le plan des perspectives de carrière ?

De manière générale, mon objectif de carrière en bâtiment durable est de promouvoir l’utilisation de matériaux à faibles émissions de carbone intrinsèque et de redéfinir notre façon de mesurer la valeur dans la construction. Les considérations financières orientent inévitablement le développement et j’ai hâte de mieux comprendre comment la prise de décision financière influence nos choix en matière de durabilité. J’aimerais aussi que l’on tire davantage parti des projets de bâtiments patrimoniaux, car nous pouvons les utiliser comme une banque de matériaux qui permettent de réduire simultanément les coûts et les impacts environnementaux.

Le fait d’avoir remporté le Prix commémoratif Andy Kesteloo pour un projet étudiant me donne un élan pour faire progresser ma carrière vers la réduction globale des GES et lier la littératie financière à la pratique de la durabilité. Bien que mon objectif principal reste la prise en compte des émissions des matériaux dans la création d’un bâtiment, j’approfondis actuellement mes connaissances sur le carbone opérationnel dans le cadre de la modélisation énergétique et des calculs thermiques des enveloppes. J’espère pouvoir décarboner un portefeuille à grande échelle ou de nouveaux développements, car cela aura un plus grand impact et une plus grande influence sur l’atteinte de notre objectif global!

Je crois aussi qu’il est essentiel de collaborer avec des organisations qui ont également à cœur de créer un impact, comme EFL. Je remercie sincèrement EFL de m’avoir donné cette opportunité, de m’avoir inspiré et de m’avoir permis de confirmer que la voie vers la haute performance commence toujours par l’apprentissage et la compréhension mutuelle.

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