Changer les attitudes pour des modèles économiques durables, avec Jonathan Westeinde

Personnel du CBDCA on août 11, 2025

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Pionnier du développement immobilier durable, Jonathan Westeinde a dirigé des projets de bâtiments à haute performance et socialement responsables d’une valeur totalisant plus de 5 milliards de dollars à la grandeur du Canada. Connu pour son intérêt pour les véhicules de financement des projets immobiliers, il s’efforce de créer des actifs immobiliers « adaptés pour la planète » qui tirent parti de modes non conventionnels de financement du cycle de vie. Son leadership a mené à la création de modèles de financement innovants pour favoriser le développement vert, notamment des systèmes énergétiques de quartier, des contrats de service d’énergie géothermique et des prêts verts. Dans cette entrevue, il traite de son approche à l’élaboration d’un modèle d’affaires qui intègre le climat, la résilience et l’équité au service des communautés.

Pouvez-vous nous parler de votre rôle actuel et de votre parcours ?

Je suis le fondateur et chef de la direction du Windmill Development Group, une entreprise dédiée à la transformation du développement immobilier en tenant compte de la valeur environnementale, sociale et économique. Mon parcours a été plutôt atypique. J’ai grandi dans une famille qui exploitait une grande entreprise de construction et j’ai d’abord voulu m’orienter vers la technologie et le capital de risque. J’ai ainsi passé une dizaine d’années à étudier comment l’innovation pouvait avoir un impact à grande échelle. Je suis ensuite revenu au milieu du développement convaincu que la durabilité deviendrait le principal moteur de l’innovation dans l’environnement bâti.

Pendant cette transition, la lecture du livre Natural Capitalism d’Amory Lovins et Paul Hawken a exercé une grande influence sur moi. Ce livre m’a conforté dans ma croyance que la stratégie d’affaires et les principes écologiques étaient compatibles et que ce n’était pas seulement une question éthique, mais une décision économique judicieuse. La création de Windmill m’a donné l’occasion de mettre ces idées en pratique et de démontrer qu’il n’est pas nécessaire de sacrifier la durabilité au profit de la rentabilité : les deux peuvent et doivent aller de pair.

Les idéaux de votre entreprise sont « les personnes, la planète et le profit ». Comment avez-vous bâti votre entreprise autour de la durabilité ?

En tant que membre fondateur du Conseil du bâtiment durable du Canada, nous avons axé notre entreprise sur la durabilité dès le début. Nous avons ciblé l’obtention de la certification LEED Platine pour tous nos projets, ce qui était un objectif ambitieux à l’époque, mais cela nous a donné un cadre clair et réalisable pour intégrer la durabilité dans la conception et la construction des bâtiments. Cet engagement a mené à la réalisation de Dockside Green à Victoria (C.-B.), la première communauté certifiée LEED Platine en Amérique du Nord, et a contribué à établir notre crédibilité dès le début.

Notre approche a évolué, tout comme l’industrie. Nous avons élargi notre perspective en adoptant le cadre One Planet Living, qui continue d’intégrer la certification LEED à l’échelle du bâtiment, mais qui étend notre champ d’action pour inclure la durabilité, l’équité et la résilience à l’échelle de la communauté. Ce cadre plus exhaustif nous guide dans tous les aspects de notre travail – de la conception et de la construction aux partenariats communautaires et aux opérations.

Zibi, la première communauté qui adopte les principes du cadre One Planet Living au Canada et qui est l’une des plus grandes communautés carboneutres du pays, témoigne de cette évolution. Notre engagement indéfectible envers la durabilité attire depuis toujours des partenaires et des investisseurs qui comprennent que les bonnes mesures environnementales et sociales sont également source de valeur économique à long terme. Au fil du temps, nous avons intégré ces valeurs à tous les niveaux de notre organisation, de notre modèle de réalisation des projets à notre culture d’entreprise et à nos collaborations.

Vous avez déjà déclaré en entrevue que les attitudes à l’égard des projets de bâtiments durables avaient radicalement changé depuis vos débuts dans l’industrie. Qu’est-ce qui a changé et qu’est-ce que cela signifie pour les entreprises en démarrage ou les promoteurs qui cherchent à investir dans des projets durables ?

Le changement a été remarquable. Il y a vingt ans, le développement durable était souvent considéré comme un centre de coût – quelque chose que l’on faisait par souci de l’apparence ou de la conformité. Aujourd’hui, c’est un moteur crucial de la valeur. Les investisseurs, les locataires et les municipalités exigent désormais la durabilité et les marchés financiers récompensent ceux qui la mettent en œuvre. Les entreprises en démarrage ou les promoteurs émergents y voient une réelle opportunité, mais aussi une attente. La barre est haute, mais les capitaux sont plus facilement accessibles si le modèle d’affaires intègre le climat, la résilience et l’équité dans son ADN.

Vous avez réalisé de nombreux projets LEED et de grands projets communautaires carboneutres, comme Zibi. Comment la certification par une tierce partie a-t-elle favorisé votre modèle d’affaires ?

La certification par une tierce partie a été essentielle pour valider nos engagements en faveur de la durabilité et aligner toutes les parties prenantes sur une norme commune. LEED, et, plus récemment, One Planet Living, ont fourni une feuille de route claire et fiable à laquelle les concepteurs, les constructeurs, les bailleurs de fonds et les organismes de réglementation peuvent tous adhérer. Ces certifications contribuent à atténuer les risques des projets en instaurant la transparence et la responsabilité, ce qui renforce la confiance et accélère les processus d’approbation.

Si vous êtes parmi les premiers à adopter de nouvelles approches, il est essentiel d’obtenir la validation par une tierce partie crédible pour gagner la confiance des investisseurs. Dans le cas de Zibi, le fait de pouvoir affirmer « qu’il ne s’agissait pas seulement de notre vision, mais que le projet avait été vérifié par une partie indépendante » a joué un rôle déterminant dans la décision d’aller de l’avant. La certification a également joué un rôle central dans la validation de notre plateforme One Planet Living Fund, car elle a donné aux investisseurs et aux partenaires l’assurance que les résultats que nous visons sont mesurables et crédibles et qu’ils concordent avec les références de durabilité internationalement reconnues.

Les efforts du CBDCA ont-ils contribué aux changements que vous avez observés dans le secteur du bâtiment et à l’adoption des pratiques du bâtiment durable? Qu’en est-il de la trajectoire de votre carrière et de votre entreprise ?

Absolument. Le CBDCA a joué un rôle essentiel dans la professionnalisation et la généralisation du bâtiment durable au Canada. En établissant des normes rigoureuses et en offrant une base solide d’éducation et de défense des intérêts, le CBDCA a aidé l’industrie à passer d’un marché de niche à un marché devenu la norme. En s’appuyant sur les outils et la communauté du CBDCA dès le début, Windmill a pu attirer des talents et des collaborateurs aux vues similaires. Sur le plan personnel, l’écosystème du CBDCA a été un lieu idéal pour apprendre, partager et rester inspiré.

Le CBDCA vous a récemment décerné son Prix pour l’ensemble d’une carrière. Vous avez souligné que ce prix vous était peut-être décerné un peu prématurément. Quelle est la prochaine étape pour vous? Quels nouveaux défis et nouvelles opportunités voyez-vous poindre ?

J’ai été très honoré et, je dois l’admettre, un peu surpris de recevoir le Prix pour l’ensemble d’une carrière. Cela me semble prématuré à certains égards et je reste convaincu que nous n’en sommes qu’au début. Dans l’avenir, j’entends me concentrer sur le renforcement de notre impact en élaborant des modèles reproductibles et finançables pour des logements de moyenne hauteur à carbone zéro qui intègrent également l’équité et la résilience climatique.

Une grande partie de ce travail consiste à faire progresser la construction modulaire et préfabriquée, non seulement pour améliorer l’efficacité et réduire les émissions opérationnelles, mais aussi pour relever le défi beaucoup plus vaste et à long terme que pose le carbone intrinsèque. Le marché s’est largement concentré sur la performance opérationnelle, mais l’impact climatique global des bâtiments s’étend tout au long de leur cycle de vie. Cela reprend là où les pionniers, comme Bill McDonough, se sont arrêtés, avec un engagement renouvelé à sa philosophie « du berceau au berceau » dans l’environnement bâti.

Nous travaillons également à reproduire à plus grande échelle notre plateforme One Planet Living Fund, un modèle qui établit un lien direct entre les capitaux et des résultats communautaires à impact élevé et carboneutres. En faisant concorder les instruments financiers avec des indicateurs de durabilité mesurables, nous visons à accélérer l’investissement dans des projets qui offrent une valeur environnementale et sociale.

De plus, je suis tout autant enthousiasmé par le mentorat auprès de la prochaine génération de leaders, en particulier Jeremy Reeds et l’équipe élargie qui accèdent à des postes de direction chez Windmill et qui poursuivront ce travail et le pousseront encore plus loin. La prochaine frontière est profondément systémique : aligner la décarbonation des bâtiments avec la transformation des réseaux, l’abordabilité du logement et la circularité des matériaux. C’est là que je vois la possibilité la plus urgente d’avoir un impact : intégrer les solutions de bâtiments à carbone zéro à des transitions énergétiques et équitables plus larges, et faire de la conception circulaire un principe et pas seulement une pratique.

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