Budget de 2025 : des avancées et des lacunes
Le CBDCA évalue comment les nouveaux investissements du budget Carney soutiennent les bâtiments durables et la compétitivité climatique
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Le Conseil du bâtiment durable du Canada (CBDCA) considère que le budget de 2025 constitue un pas important pour établir un lien entre croissance économique et initiatives climatiques. En cette année marquée par des problèmes cruciaux en matière de logement, d’abordabilité et de compétitivité, le budget témoigne d’une reconnaissance croissante du fait que la décarbonation du secteur du bâtiment du Canada est essentielle pour l’atteinte des objectifs climatiques, tout en étant bénéfique pour l’économie. Toutefois, ce budget ne soutient pas pleinement la durabilité pourtant nécessaire aux investissements dans le logement.
Plusieurs mesures annoncées tiennent compte des principales recommandations formulées par le CBDCA dans son mémoire prébudgétaire, ainsi que dans deux rapports récents portant sur les bâtiments commerciaux et résidentiels. Cette concordance est le signe d’une tendance vers une approche nationale plus cohérente à l’égard d’une politique du bâtiment durable – une approche qui tire parti des matériaux et des technologies de construction et de rénovation comme plateforme pour la compétitivité climatique.
Finance durable et taxonomie verte
Le budget de 2025 confirme l’élaboration d’une taxonomie canadienne verte et de transition et de règles de divulgation alignées sur le climat, ainsi que d’un cadre d’obligations durables. Ces mesures apportent plus de clarté aux investisseurs et aux prêteurs et contribuent à réduire les risques liés à l’affectation de capitaux pour des actifs à faibles émissions de carbone.

Ensemble, ces mesures représentent une avancée importante dans le plaidoyer continu mené par le CBDCA et d’autres chefs de file du secteur visant à promouvoir les investissements dans la décarbonation et à améliorer l’évaluation des bâtiments à faibles émissions de carbone dans les marchés immobiliers. En définissant les termes « vert » et « de transition », le Canada jette les bases de la création de l’infrastructure financière nécessaire pour favoriser une économie compétitive et sobre en carbone.
Toutefois, la réalisation du plein potentiel de ce cadre dépendra de l’accès aux données énergétiques cohérentes et normalisées sur les bâtiments dans leur ensemble. L’absence de ces données est une lacune fondamentale que le budget de 2025 ne comble pas. Sans elles, le Canada ne peut pas comparer les performances de manière fiable, valider les réductions des émissions ou étayer une taxonomie crédible pour le secteur du bâtiment.
Financement et capacité des infrastructures
Le budget de 2025 augmente l’enveloppe de capital de la Banque de l’infrastructure du Canada (BIC) pour la porter de 35 milliards de dollars à 45 milliards de dollars. Le CBDCA exhorte le gouvernement et la BIC à allouer une partie de ces nouveaux capitaux à l’élargissement de l’accès à un financement à long terme et à faible coût pour des infrastructures écoénergétiques et résilientes face au climat. Cette mesure soutiendrait directement le développement à grande échelle d’options de financement stable et à taux fixe pour les rénovations et les constructions à faibles émissions de carbone.
Le nouveau volet de prestation directe du Fonds pour bâtir des collectivités vertes de 6 milliards de dollars pour soutenir des projets de rénovations, d’adaptation et d’infrastructures communautaires offre un levier supplémentaire pour accroître l’activité de rénovation. La réussite du déploiement de ces fonds sera essentielle pour réduire les émissions du parc immobilier existant du Canada.
Bâtiments résidentiels et logement
Comme l’a clairement démontré le rapport Deux millions d’habitations vertes du CBDCA, l’offre de logements à plus grande échelle doit aller de pair avec la durabilité. Le budget de 2025 introduit une mesure positive en ciblant une réduction de 20 pour cent des émissions liées à la construction dans le cadre du programme Maisons Canada. Toutefois, le gouvernement avait initialement annoncé que ce programme serait doté d’un budget de 13 milliards de dollars alors que le budget de 2025 ne lui alloue que 7,2 milliards de dollars. Le CBDCA encourage le gouvernement à rétablir et à porter ce financement à 11,5 milliards de dollars pour assurer l’atteinte des objectifs ambitieux du programme.
Par ailleurs, le programme Maisons Canada ne traite pas de la performance opérationnelle, un facteur déterminant de l’abordabilité à long terme, de la résilience et des émissions. Le CBDCA a toujours demandé l’établissement de cibles de performance basées sur l’intensité énergétique (IE), l’intensité de la demande en énergie thermique (IDET) et l’intensité des gaz à effet de serre (IGES). Ces indicateurs apportent de la clarté pour les promoteurs et le gouvernement, en plus de minimiser le risque de « payer deux fois » : une première fois pour bâtir rapidement selon les normes minimales, et une seconde fois pour rénover afin d’améliorer la performance. Les futurs programmes fédéraux de logement devraient intégrer pleinement la performance opérationnelle pour maximiser le rendement et l’impact climatique.
Stratégie de compétitivité climatique
L’inclusion de la Stratégie de compétitivité climatique, qui met notamment l’accent sur « l’utilisation optimale du carbone », renforce l’idée que la réduction des émissions n’est pas un centre de coûts, mais un moteur d’innovation et de rendement économique. Cette stratégie cadre parfaitement avec les efforts du CBDCA visant à promouvoir des modèles et des stratégies d’affaires qui reflètent tous les avantages des investissements dans les bâtiments à faibles émissions de carbone.
La stratégie ne porte pas directement sur les bâtiments, ce qui est décevant étant donné que le secteur du bâtiment reste l’un des domaines les plus rentables pour la réduction des émissions. Toutefois, d’autres mesures, comme la finance durable, l’électricité propre, les crédits d’impôt à l’investissement dans les technologies et la tarification du carbone industriel contribueront à la décarbonation de l’environnement bâti.

- Les rénovations résidentielles accroissent l’efficacité énergétique et réduisent les émissions tout en réduisant les factures des services publics pour les occupants. Elles sont importantes, car on estime qu’environ 20 pour cent des ménages canadiens vivent déjà dans une pauvreté énergétique.
- Les rénovations énergétiques majeures des bâtiments commerciaux et institutionnels permettent généralement de réaliser des économies d’énergie de 15 à 40 pour cent, ce qui réduit considérablement les émissions de GES et les frais d’exploitation. Ces rénovations sont en fait l’une des meilleures interventions disponibles pour un impact optimal sur la réduction des émissions, comme le souligne Ressources naturelles Canada.
Le CBDCA fera le suivi sur cette stratégie et communiquera avec les décideurs pour savoir quand et comment le gouvernement annoncera les détails de sa mise en œuvre.
Leadership fédéral concernant les bâtiments
Le CBDCA salue l’utilisation du modèle de contrat de performance énergétique pour rénover le portefeuille immobilier du ministère de la Défense nationale. Cette approche lie directement les réductions des émissions à des économies financières et illustre le leadership pratique du gouvernement fédéral. Toutefois, le fait de s’appuyer principalement sur des contrats de performance à court terme risque de limiter les progrès et de maintenir en opération des systèmes de bâtiment obsolètes pendant encore une décennie ou plus, sans apporter de réelles réductions des émissions ni de valeur financière au ministère ou aux contribuables canadiens. Compte tenu de la hausse importante des dépenses de défense dans le budget 2025, ces investissements devraient également s’étendre à des rénovations majeures qui modernisent les installations de Défense Canada et réduisent ses coûts d’exploitation à long terme. De plus, les impacts sur la durabilité des mesures de réduction des coûts prises par Services publics et Approvisionnement Canada restent flous. Lorsque les bâtiments publics font l’objet d’une modernisation, la performance et la résilience climatique doivent rester au cœur des stratégies de gestion des actifs.
La voie à suivre
Le budget de 2025 représente une avancée significative sur plusieurs des priorités décrites dans les récents rapports et efforts de sensibilisation du CBDCA. Il introduit ou confirme des outils essentiels – notamment des cadres de finance durable, des encouragements fiscaux et le financement public des rénovations – qui commencent à se pencher sur les obstacles du marché et les risques financiers associés à la décarbonation de l’environnement bâti.
Pourtant, d’importantes lacunes subsistent. Les normes de performance opérationnelle pour les nouveaux logements et le financement préférentiel pour les bâtiments durables restent nécessaires pour réaliser pleinement les ambitions du Canada sur les plans du climat et de l’abordabilité.

Le CBDCA continuera de collaborer étroitement avec le gouvernement, l’industrie et les institutions financières pour combler ces lacunes. En tant que partenaire de confiance des secteurs public et privé, nous offrons les connaissances, les conseils techniques et les cadres de marché nécessaires pour traduire la politique climatique en solutions d’affaires et en avantage concurrentiel. En harmonisant l’investissement, l’innovation et la performance, le secteur du bâtiment durable du Canada peut assurer la résilience climatique et la compétitivité économique à long terme du Canada, dès maintenant, et pour les générations à venir.
