20 ans d’histoire : Un entretien avec Jon Hobbs

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Le CBDCA s’est entretenu avec Jon Hobbs, l’un de ses cofondateurs, dans le cadre d’une série d’entrevues soulignant son 20e anniversaire. Reconnu comme un pionnier de la conception durable et de l’éducation en ce domaine, l’urbaniste et architecte Jon Hobbs a fait partie d’un groupe restreint de personnes convaincues de la nécessité de créer une organisation qui plaide en faveur du bâtiment durable au Canada. Dans cet entretien avec Jean-Marc Fagelson, conseiller en politiques publiques et en affaires gouvernementales du CBDCA, Jon raconte comment est né le CBDCA et nous parle de sa vision initiale de la contribution d’une telle organisation à la transformation du secteur du bâtiment.

Vous pouvez écouter l’entrevue intégrale sur notre chaîne YouTube

Pouvez-vous me dire ce que ça représentait de participer à la création du CBDCA et quelles étaient vos attentes lors de la création de cette organisation?

C’était très stimulant et très inspirant de voir autant de nouveaux professionnels se rassembler dans une volonté d’améliorer les choses. Tout a commencé à l’Institut royal d’architecture du Canada (IRAC). À l’époque, j’en étais le directeur général et nous avions un Comité canadien des bâtiments durables. Ce comité suscitait beaucoup d’intérêt et tout le monde voulait en faire partie. Ses membres comprenaient même des non-architectes. C’était beaucoup plus qu’une association professionnelle réservée aux architectes. Autrement dit, le comité allait vraiment au-delà de son mandat. Pour la suite des choses, il nous semblait que l’idéal était de créer le Conseil du bâtiment durable du Canada comme organisation à but non lucratif.

Nous avons hébergé le CBDCA dans un local du siège social de l’IRAC. Nous avons offert un soutien financier, comptable et administratif et nous avons dès lors observé une croissance vraiment très rapide de l’organisation. En deux ans, elle avait besoin de ses propres locaux.

Et comment est née l’idée d’une organisation de soutien à la pratique? Qu’est-ce que cela signifiait, notamment pour les architectes comme vous?

Bien des professionnels concevaient des bâtiments durables de leur propre chef et cherchaient du soutien auprès de l’USGBC et d’autres organisations. Il n’y avait pas vraiment de normes établies ou quoi que ce soit d’autre à l’époque. Toutefois, il nous semblait que le bâtiment durable correspondait bien à la pratique de l’architecture et au besoin de créer des solutions plus durables, car la plupart des architectes sont très sensibles à la protection de l’environnement. L’une des premières mesures qu’ont prises les fondateurs, et je pense même que c’était juste avant la création du CBDCA, a été d’embaucher Ray Cole, Ph. D., pour examiner la norme LEED en vigueur aux États-Unis et l’adapter en quelque sorte pour le Canada. C’est ce qu’il a fait et la norme a été adoptée dès la création du CBDCA.

Avez-vous appris des leçons importantes avec le CBDCA en tant que dirigeant et membre ou collaborateur?

Je pense que la leçon la plus importante a été de faire du CBDCA une organisation qui peut regrouper tous les intervenants de l’industrie de la construction, qu’il s’agisse des architectes et ingénieurs, mais aussi des bâtisseurs, entrepreneurs, fournisseurs, et autres. Et je pense que ce regroupement au sein d’une même organisation explique sa réussite. Tout le monde y a adhéré. Comme vous l’avez mentionné, le CBDCA n’est pas une association professionnelle en soi. C’est pourquoi presque toutes ces associations professionnelles peuvent y adhérer sans aucune interférence avec leurs mandats respectifs.

Croyez-vous que c’est notre plus grande force?

Absolument. Je pense que c’est notre plus grande force parce que les associations professionnelles ont leurs propres lignes directrices, mandats, normes de déontologie et autres. Elles peuvent avoir une mission étroite et axée évidemment sur la profession concernée. Alors si on regarde l’industrie de la conception et de la construction dans son ensemble, on constate qu’elle couvre réellement un large spectre de l’économie, qu’elle en est une grande partie. Il faut donc que tout le monde soit impliqué.

Aujourd’hui, le réseau de membres du CBDCA compte 1000 entreprises membres. Comment cela se compare-t-il à ce que vous aviez imaginé?
Eh bien je suis toujours étonné, parce qu’il y a tout de même peu d’architectes au Canada. Mais j’ai toujours été impressionné par la rapidité de la croissance du CBDCA. Et je le suis encore, mais cela dit, vous savez, il y a encore de nombreux secteurs qui ignorent les principes du bâtiment durable, en particulier le secteur résidentiel. Il y a encore un long chemin à parcourir, mais je suis toujours ébahi par tout ce qui s’est passé en 20 ans.

Sur quelles questions le CBDCA devrait-il se concentrer au cours des 20 prochaines années?

Je pense que l’évolution par rapport aux normes et à la décarbonation mérite d’être soulignée, car c’est une excellente chose. Toutefois, la promotion et la défense des intérêts restent des éléments importants, parce qu’il faut sensibiliser le public. Il faut aussi sensibiliser les décideurs, à tous les niveaux de gouvernement.

J’ai récemment terminé la construction d’une maison dotée d’un système d’électricité solaire avec comptage net et un an et demi plus tard, je me bats encore avec le gouvernement provincial. Le gouvernement n’est pas prêt du tout pour le comptage net de l’électricité alors qu’à mon avis, cela devrait être une priorité pour tous les services publics d’électricité du Canada puisque nous devons abandonner l’utilisation des combustibles fossiles et assurer la croissance de l’électricité propre et de la production d’électricité.

Ma bête noire, c’est le plastique et la pollution par le plastique. Toute personne qui a voyagé dans des régions éloignées a pu constater à quel point le plastique est omniprésent. Or, c’est un produit toxique qui n’est recyclé qu’à hauteur de 9 à 10 %. L’industrie du bâtiment contribue à cette pollution – les emballages en polyéthylène, les attaches en plastique autour du bois et d’autres fournitures. C’est sans fin. Je pense donc qu’une partie du plaidoyer devrait être dirigée vers les fabricants de matériaux du bâtiment pour éliminer les emballages en plastique.

Je pense que nous devons aussi nous attaquer à l’énergie intrinsèque et à la chaîne d’approvisionnement. Nous devrions probablement commencer par nous assurer d’avoir un plus grand nombre de produits fabriqués au Canada, notamment pour réduire les besoins en transport. Nous importons des matériaux de construction, des appareils, de la machinerie et bien d’autres produits de partout dans le monde. Le Canada est pourtant un pays assez grand pour commencer à fabriquer certains de ces produits.

Cette entrevue a été éditée; Regardez l’entrevue intégrale ici.

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